Les abeilles briardes
Un maçon apiculteur
Amoureux de la nature, de la forêt, des animaux et du potager, Stéphane a un déclic pour l’apiculture en 2011 grâce à sa rencontre avec un « papyculteur » amateur. Ce passionné lui transmet le virus de l’apiculture et commence à le former par la pratique.
Stéphane n’a jamais eu envie d’être uniquement apiculteur : son père et son grand-père étaient maçons et après des études en maçonnerie du CAP au BTS il a été conducteur de travaux dans une entreprise de bâtiment à Paris. Puis il a passé le concours de professeur et est devenu titulaire dans l’établissement où il a fait ses études, à Provins. Ce métier complété par son activité d’apiculteur lui apporte un équilibre entre ses deux passions : l’enseignement et son amour pour l’abeille.
Stéphane Delamotte
En plus de l’élevage des colonies et de la production de miel, Stéphane gère l’aspect administratif et commercial. Mais depuis trois ans, sa femme Marisete travaille avec lui et le seconde pour toute la partie intendance notamment. La miellerie et son accueil sont installés dans un petit bâtiment construit par le grand-père de Stéphane : les installations qui permettent le traitement du miel sous entendent évidemment un investissement matériel et financier pour une activité sérieuse comme celle de Stéphane.
La gestion de la colonie de ruchers
Les abeilles briardes, c’est une association de ruchers d’élevage et de ruchers pour la production de miel.
En hiver, les ruches posées par quatre sur une palette et munies d’un toit avec nourrisseur et un double isolant réflecteur restent à l’extérieur et les abeilles protègent les reines qui continuent à pondre environ 1000 œufs par jour. Entre mi mai et mi juin, elles peuvent pondre jusqu’à 2500 œufs par jour, ce qui entraîne une surpopulation et nécessite une gestion par l’apiculteur pour éviter un essaimage naturel d’une partie de la colonie : les ruchers d’élevage permettent d’alléger les autres pour éviter la surpopulation et l’essaimage (c’est à dire que les abeilles pourraient quitter la ruche pour créer un essaim autonome avec une nouvelle reine) et aussi d’avoir une réserve en cas de perte d’abeilles productrices.
Selon Stéphane, la clé de voûte d’un rucher, c’est la reine des abeilles. Une reine vit environ quatre ans : elle reste deux ans dans une ruche de production puis passe en ruche d’élevage pour la ponte de nouvelles abeilles.
Une reine est une larve nourrie exclusivement avec de la gelée royale avant que le couvain ne se referme. En dehors des reines, les abeilles changent de fonction au fur et à mesure qu’elles vieillissent : celles qui sortent tout juste du couvain sont les nettoyeuses, puis elles deviennent nourricières puis ouvrières avant de passer gardiennes puis ventileuses et avant de sortir magasinières et enfin butineuses !
Notre apiculteur se procure des reines inséminées auprès d’un éleveur spécialiste ce qui lui permet de gagner du temps par rapport à la fécondation naturelle et surtout d’avoir des abeilles avec un pedigree et un caractère « stable » et peu agressif ; c’est ainsi qu’il travaille à mains nues la plupart du temps, juste avec un voile de protection sur la tête.
Chaque ruche comporte 70 000 à 80 000 abeilles et seulement une reine par ruche pour fabriquer tout ce petit monde !
Dès la fin du mois de mars, l’activité se remet en route, doucement d’abord : Stéphane contrôle son élevage et fait le suivi de son cheptel pour être prêt dès que la saison de butinage débute. Le temps qu’il consacre à l’apiculture va croissant à partir du mois d’avril pour atteindre le maximum entre début mai et fin juillet avec la succession des floraisons qui peuvent vraiment faire varier la production.
La colonie œuvre à la fabrication de miel pendant la belle saison, c’est à dire pendant quatre mois environ, d’avril/mai à juillet/août inclus. Les abeilles butinent les fleurs alentours sur un rayon de 3 km. Elles adorent l’acacia mais s’il tarde à fleurir à cause des conditions climatiques, elles butinent autre chose, comme l’aubépine. Alors pour avoir vraiment du miel d’acacia, Stéphane installe de nouveaux cadres dans les ruches juste avant la floraison des acacias.
Parfois les conditions optimales ne sont pas réunies et on ne parle pas que de météo ; les abeilles sont guettées par quatre causes de mortalité : vous pensez sûrement au frelon asiatique, mais il n’arrive en fait qu’en seconde place. Le plus mortel est un parasite qui s’attaque aux larves d’abeille dans le couvain, cette petite alvéole qui doit faire grandir et protéger la future abeille jusqu’à sa sortie quand elle est prête pour travailler. Ce parasite s’appelle le varroa et s’il ne tue pas directement l’abeille en larve, il l’handicape en lui grignotant les ailes par exemple et c’est alors la colonie qui éliminera l’abeille mutilée.
Les deux autres causes de mortalité sont l’apiculteur lui-même (manipulations, erreurs) et les produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs : c’est pourquoi Stéphane veille à placer ses ruches sur des terrains entourés d’agriculteurs respectueux.
Apprendre c’est aussi faire des erreurs et Stéphane remet régulièrement en question ses pratiques pour progresser : il prend grand soin de ses colonies, tente d’améliorer au mieux les conditions de ses ruchers (la mairie lui signale les nids de frelons repérés par ses voisins) et travaille en partenariat avec les agriculteurs alentours qui contribuent à offrir des lieux à butiner en semant du sarrasin, de la luzerne, du colza.
Et il n’y a pas qu’en Seine et Marne que les abeilles briardes travaillent et butinent : Stéphane en installe du côté de Favières ou dans l’Yonne quand vient la floraison des tilleuls. Il opère également une transhumance bien particulière avec certains ruchers : par camion, la nuit pour qu’elles soient plus calme, il emmène ses abeilles jusque dans le Périgord afin qu’elles butinent les fleurs de châtaigniers pendant deux à trois semaines et produisent le miel du même nom à la couleur brune et au goût si spécifique. C’est par le bouche-à-oreille et les rencontres que les abeilles de Stéphane se retrouvent ainsi à se déplacer à travers la France suivant les floraisons.
Récolte et mise en pot du précieux miel
Le temps de la récolte pour Stéphane s’étend de mai à août.
Dans la miellerie, les cadres plein de miel sont placés dans l’extracteur qui permet de traiter 80 cadres ensembles.
Extracteur
Ils doivent d’abord subir une opération qui permet d’ouvrir les alvéoles remplies de miel : c’est la désoperculation.
Dans le pourtour des cadres, on trouve le propolis. Le miellat est fait à partir de chêne et de sapin, les abeilles ne peuvent pas produire de miellat de fleur puisque c’est de la sève extraite par des insectes suceurs que les abeilles récoltent ensuite. Tout le reste d’un cadre contient du miel de fleurs.
Une fois le miel sorti et centrifugé, les cadres sont déchargés de la cire que Stéphane confie à un cirier qui refait de nouveaux cadres à partir desquels les abeilles modèlent les alvéoles.
Le miel centrifugé part dans le maturateur muni d’un tamis, puis il est placé dans des fûts où il subit une cristallisation naturelle avant d’être légèrement assoupli par une couverture chauffante pour sa mise en pot.
Stéphane travaille également avec quelques artisans qui transforment une partie de sa récolte en hydromel par exemple, en plus des différentes catégories de miels et du miellat en pot qu’il propose.
Seules notre AMAP et celle de Citry sont livrées en miel par Stéphane (on est des privilégiés !) qui vend également dans des boulangeries, en comités d’entreprises et parfois sur des marchés, mais ces derniers supposent un investissement important en temps et en énergie. Dans la miellerie, il y a une pièce d’accueil mais pas vraiment de magasin. Si vous êtes subitement en manque de bon miel, il est cependant possible d’acheter sur place le soir et le week-end sur rendez-vous :
80 avenue du Général Leclerc
77730 Saâcy-sur-Marne
https://www.les-abeilles-briardes.fr/
Voilà, vous savez maintenant presque tout sur ce merveilleux aliment à la couleur dorée ou brune qui arrive régulièrement à l’AMAP et fait la joie de vos papilles gourmandes. A la prochaine tartine, vous aurez peut être une petite pensée pour Stéphane et ses courageuses abeilles briardes...
Reportage : Virginie A. Photos : Isabelle C.
Octobre 2024
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